Pierre-Emmanuel Fehr
Reportage, 2015
Leros, porte de l'Europe
Projektbeschrieb
Leros, porte de l’Europe.
Une île de 74 km2, à quelques kilomètres des côtes turques, par laquelle 35'000 réfugiés ont transité en 2015.
Des bateaux chargés accostent chaque jour au port de Leros en provenance de l’île grecque militaire de Farmakonisi. Les réfugiés arrivent dans des états physiques déplorables. Aucun soin n’est donné sur Farmakonisi; ils reçoivent pour toute nourriture une bouteille d'eau et un paquet de biscuits par jour, par famille.
A Leros, des bénévoles et organisations internationales sont présentes sur place. Les réfugiés sont traités humainement; ils n’y sont plus habitués. Ce n’est qu’une halte de quelques jours dans leur périple. Les enfants, au contraire des adultes, ont la faculté d’oublier le passé proche: ils se remettent à jouer comme si de rien n’était.
La dignité et l’humanité sont les mots qui ressortent lors de ce passage de quelques jours.
Ils repartent ensuite une fois leurs papiers de libre circulation en Grèce en poche. Le voyage continue.
Ce reportage s'est déroulé sur plusieurs semaines entre novembre et décembre 2015, sur une des plus petites îles grecques qui voit affluer un grand nombre de réfugiés depuis la Turquie. Leros est pourtant bien plus qu’une île de transit. Elle se retrouve encore une fois à la croisée des chemins de l’humanité. Point stratégique lors de la deuxième guerre mondiale, elle jouera un rôle tragique dans l’histoire, en enfermant dans des conditions inhumaines opposants politiques puis malades mentaux. Aujourd’hui, à quelques kilomètres de l’actuel camp de réfugiés, un « hotspot » se construit sur le site de l’ancien hôpital psychiatrique. Il serait destiné à devenir un centre d’enfermement de potentiels terroristes: l’histoire se répète. Leros a récemment fait parler d’elle pour avoir été la zone de transit de 3 des terroristes des attaques de Paris qui ont eu lieu le 13 novembre 2015.
Le regard porté sur cette île, son camp et ses réfugiés, n'a pas pour but de chercher les images choquantes, mais la vie du camp, les scènes de vie, la tentative d'un retour à la dignité.