Christophe W. Chammartin

Editorial, 2008

Prisons de plastique

Selektionierte "Editorial" 2008

Pour construire leurs abris sur de petites parcelles de terrain inutilisées entre les serres, les migrants récupèrent de vieilles palettes ainsi que des toiles de plastique, El Ejido, Andalousie.

ciel, plastique, palette, serre

Un refuge occupé par six marocains à Campohermoso, province d'Almeria, Espagne.

maison, homme, fleur

Que faire quand on ne trouve pas de travail pour la journée? Certains ramassent des escargots, qu'ils revendent ensuite à des restaurateurs (à moins de 1 euro le kilo), Campohermoso, Sud Espagnol.

hommes, gravier, escargots, sceau

L'eau potable, qu'il faut souvent aller chercher à plusieurs centaines de mètres, est fréquement stockée dans des jerricans ayant contenu des produits chimiques, Campohermoso, Andalousie.

jerrican, eau, plastique

un migrant marocain compte l'argent reçu d’un associer resté au pays. Les dirhams ne peuvent être changé en Europe, Nijar, province d’Almeria, Andalousie.

homme, argent, valise

Dans la province andalouse de Tabernas, un groupe de travailleurs sénégalais mettent en commun une partie de leurs salaires pour la nourriture.

repas, hommes, habits

4 migrants marocains vivent dans cette

abris, plastique, lits, cabane

Une mosquée improvisée avec des bâches de plastique et des branches, Campohermoso, Espagne.

prière, tapis, plastique

Projektbeschrieb

Dans la province andalouse d’Almería au coeur d’une mer de plastique de plus de 30 000
hectares croissent nos légumes hivernaux et vivent plus de 100 000 migrants, nouveaux
forçats des temps modernes.
Les questions de migrations et d’agriculture me préoccupent depuis plusieurs années.
Je décide, dès lors, de plonger dans cette mer et d’y consacrer mon attention et mon
énergie photographique. Le besoin d’explorer cette réalité en profondeur et de la comprendre
de l’intérieur m’amène à y effectuer plusieurs séjours.
A travers cette sélection d’images aux cadrages clos, je souhaite souligner l’enfermement
et le double isolement de ces hommes logeant à l’écart des centres urbains, au
coeur des serres de plastique. Eloignés de leurs terres, de leur famille, ils vivent dans
une société andalouse conservatrice où le racisme et la ségrégation demeurent fréquents.
L’étrangeté visuelle de ces scènes, pourtant situées dans l’Europe d’aujourd’hui,
met à mal nos repères et nos codes d’identification. Elle nous renvoie à l’étrangeté des
conditions imposées à ces hommes, maintenus dans des lieux de nulle part, habitants
d’une terre privée de sens.
J’ai voulu retrouver avec ce reportage contemporain couleur moyen format, l’émotion
que j’ai pu ressentir en découvrant les images noires et blanches de la grande dépression
étasunienne de l’entre-deux guerre.
Imprégné tout au long de ce reportage par des oeuvres tels que «Let Us Now Praise
Famous Men» du photographe Walker Evans ou «The Grapes of Wrath» (Les Raisins
de la Colère) de John Steinbeck, j’ai centré mon travail sur le vécu humain et social des
migrants.

Publikationsinformationen

Titel der Arbeit
Prisons de plastique
Agentur
rezo.ch
Kunde
Le Monde Publications Internationales SA
Publikation
Le Courrier International
Ausgabe
897
Seite(n)
portfolio p. 46 à 49
Galerie
rencontres, Boutographies, Biblio Nat. de France
Ort
Arles, Montpellier, Paris