Mathieu Bernard-Reymond

Cette série est constituée de montages entre des prises de vues réelles, et des paysages générés par ordinateur. Pour chaque élément de la série, le paysage n’est pas créé au hasard, mais calculé à partir de la photographie du protagoniste qui y est ensuite réintroduite. Les intensités et les couleurs du personnage de départ produisent les altitudes et les tonalités du paysage d’arrivée. Par exemple, dans la photographie où l’on peut voir une femme tenant un chien en laisse, on distingue dans l’étendue du paysage à l’arrière-plan, la silhouette déformée du personnage d’avant-plan.Il ne s’agit pour autant pas d’un jeu de devinettes, puisqu’il est souvent impossible de distinguer quelles parties du personnage d’origine sont visibles dans le paysage. Le spectateur est plutôt invité à trouver ici une métaphore de notre relation aux mondes digitaux, encore inexplorés, vierges et inquiétants. Ces vues de déserts glacés presque post-apocalyptiques sont aussi l’illustration de notre perception du paysage réel. En effet, notre subjectivité nous rend nous-aussi créateurs uniques et solitaires des espaces que nous parcourons physiquement chaque jour. En regardant l’horizon du monde réel, nous sommes ceux qui transforment un «lieu» en un «paysage».